Même si l'étude française des liens entre le cancer de la vessie et l'exposition à l'eau chlorée montre un impact trop faible pour être observable, les mises en garde sont claires contre les pratiques de surdose. Mise en place depuis le plan vigipirate en 2003, cette mesure d'augmentation de la chloration de l'eau n'est pas sans conséquence sur la santé, d'après une étude espagnole.
Article du JDE
Vers le rapport de l'InVSVers la circulaire
A la demande du directeur général de la santé, l’Institut de veille sanitaire (InVS) a évalué les risques sanitaires liés aux sous-produits de la chloration de l’eau potable. L’impact apparaît trop faible pour être observable par un système de surveillance épidémiologique.
«Estimation de l’exposition, caractérisation du risque et faisabilité d’une surveillance épidémiologique des pathologies liées à la sur-chloration dans la population générale». C’est le titre d’un nouveau rapport de l’InVS concernant l’évaluation des risques sanitaires des sous-produits de chloration de l’eau potable.
En novembre 2003, dans le cadre du plan vigipirate, une circulaire (1) préconisait de «maintenir une concentration minimale en chlore libre de 0,3 milligramme par litre (mg/l) en sortie des réservoirs et de viser une concentration de 0,1 mg/l en tout point du réseau de distribution », ce qui a entraîné une hausse de la chloration de l’eau d’alimentation. La désinfection de l’eau peut entraîner la formation de trihalométhanes (THM), seuls sous-produits du chlore à être surveillés en continu en France. Or, une étude espagnole a montré récemment une hausse du risque de cancer de la vessie lié à une exposition à ces molécules (2).
Dans son rapport, l’InVS établit que les excès de risque estimés dépassent, sur certains des 11 sites français étudiés et respectant les limites de qualité pour les THM, le seuil d’acceptabilité de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Celui-ci est d’un cas supplémentaire de cancer par an pour 100.000 personnes. L’impact sanitaire sur l’ensemble de la population étudiée, soit 900.000 personnes, est de 0,25 à 1,7 cas de cancer colorectal ou de la vessie en plus par an, ce qui est trop faible pour être observable par un système de surveillance épidémiologique.
«En l’état actuel des connaissances, la sur-incidence des cancers liés à l’ensemble des sous-produits de chloration ne peut être estimée. Il existe cependant d’importantes incertitudes liées à la mesure de l’exposition de la population», précise le rapport. Les habitudes des Français quant à leur usage de l’eau ne sont, par exemple, pas bien connues.
L’InVS recommande de limiter au maximum la formation des sous-produits de chloration, «compte tenu des interrogations qui subsistent sur la représentativité de l’indicateur THM comme marqueur d’effet de l’ensemble des sous-produits de chloration, des niveaux de risque estimés dans l’étude et des dernières études épidémiologiques». Concernant la gestion de l’eau potable, l’institut estime qu’éliminer la matière organique avant l’étape de désinfection, optimiser les techniques et avoir recours à une autre source d’approvisionnement en eau sont des approches possibles au niveau des communes pour limiter les concentrations en sous-produits de chloration.
Malgré tout, les auteurs rappellent que «la chloration de l’eau, par sa facilité d’utilisation, son efficacité vis-à-vis de la plupart des agents pathogènes et son faible coût d’exploitation, constitue un progrès majeur en termes de santé publique».
(1) Circulaire DGS/SD7A n°2003-524/DE/19-03 du 7 novembre 2003
(2) Voir l’article du JDLE: Lien entre cancer de la vessie et exposition à l’eau chlorée
A la demande du directeur général de la santé, l’Institut de veille sanitaire (InVS) a évalué les risques sanitaires liés aux sous-produits de la chloration de l’eau potable. L’impact apparaît trop faible pour être observable par un système de surveillance épidémiologique.
«Estimation de l’exposition, caractérisation du risque et faisabilité d’une surveillance épidémiologique des pathologies liées à la sur-chloration dans la population générale». C’est le titre d’un nouveau rapport de l’InVS concernant l’évaluation des risques sanitaires des sous-produits de chloration de l’eau potable.
En novembre 2003, dans le cadre du plan vigipirate, une circulaire (1) préconisait de «maintenir une concentration minimale en chlore libre de 0,3 milligramme par litre (mg/l) en sortie des réservoirs et de viser une concentration de 0,1 mg/l en tout point du réseau de distribution », ce qui a entraîné une hausse de la chloration de l’eau d’alimentation. La désinfection de l’eau peut entraîner la formation de trihalométhanes (THM), seuls sous-produits du chlore à être surveillés en continu en France. Or, une étude espagnole a montré récemment une hausse du risque de cancer de la vessie lié à une exposition à ces molécules (2).
Dans son rapport, l’InVS établit que les excès de risque estimés dépassent, sur certains des 11 sites français étudiés et respectant les limites de qualité pour les THM, le seuil d’acceptabilité de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Celui-ci est d’un cas supplémentaire de cancer par an pour 100.000 personnes. L’impact sanitaire sur l’ensemble de la population étudiée, soit 900.000 personnes, est de 0,25 à 1,7 cas de cancer colorectal ou de la vessie en plus par an, ce qui est trop faible pour être observable par un système de surveillance épidémiologique.
«En l’état actuel des connaissances, la sur-incidence des cancers liés à l’ensemble des sous-produits de chloration ne peut être estimée. Il existe cependant d’importantes incertitudes liées à la mesure de l’exposition de la population», précise le rapport. Les habitudes des Français quant à leur usage de l’eau ne sont, par exemple, pas bien connues.
L’InVS recommande de limiter au maximum la formation des sous-produits de chloration, «compte tenu des interrogations qui subsistent sur la représentativité de l’indicateur THM comme marqueur d’effet de l’ensemble des sous-produits de chloration, des niveaux de risque estimés dans l’étude et des dernières études épidémiologiques». Concernant la gestion de l’eau potable, l’institut estime qu’éliminer la matière organique avant l’étape de désinfection, optimiser les techniques et avoir recours à une autre source d’approvisionnement en eau sont des approches possibles au niveau des communes pour limiter les concentrations en sous-produits de chloration.
Malgré tout, les auteurs rappellent que «la chloration de l’eau, par sa facilité d’utilisation, son efficacité vis-à-vis de la plupart des agents pathogènes et son faible coût d’exploitation, constitue un progrès majeur en termes de santé publique».
(1) Circulaire DGS/SD7A n°2003-524/DE/19-03 du 7 novembre 2003
(2) Voir l’article du JDLE: Lien entre cancer de la vessie et exposition à l’eau chlorée